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Rachel voyant qu’elle ne donnait pas d’enfant à Jacob en conçu de l’envie et dit: "Rends-moi mère autrement j’en mourrais". Rachel, Sarah… pourquoi, dans le propos divin, le projet de maternité est si difficile ? Le Forum Européen de Bioéthique questionne les grandes religions et les interroge sur les techniques de médecine procréative qui permettent de contourner la stérilité. Sont-elles acceptables? Jusqu’où ? Que penser du clonage reproductif ? Du désir d’enfant à tout prix ? Des dons de gamètes et des embryons ?

Qu’est-ce que le désir d’enfant ? De qui est-on la fille ou le fils ? Est-ce que la reproduction s’accompagne d’un discours et d’une rhétorique ? S’agit-il de se reproduire ou de produire de l’humain ? Comment les techniques médicales redessinent les contours de la famille ? Vers quelles nouvelles configurations ? Faut-il avoir peur des demandes d’homoparentalité et d’homofiliation ? Les questions posées par les biotechnologies du début de vie sont si nombreuses. Le but du Forum Européen de Bioéthique est d’offrir la possibilité à tout un chacun de s’approcher avec ses propres valeurs de ces questions. C’est précisément cette ouverture, parfois vertigineuse, qu’il nous faut arriver à transmettre pour aider nos contemporains à tourner le dos à tous les "prêt à penser", quelles que soient les qualités rhétoriques de ceux qui les promeuvent.

La trisomie 21, exemple connu de handicap incurable, correspond à une maladie orpheline mal connue et durant longtemps, sans effort de recherche adaptée. Le Forum Européen de Bioéthique s’interroge sur le devenir des enfants porteurs de trisomie 21. Il pose en débat la question de leur intégration sociale, de leur sexualité, de leur travail, de leur habitation, de leur reproduction, de leur retour à domicile.

Pourquoi le dépistage prénatal est si développé en France? Serions-nous dans un pays handiphobe où le handicap serait obscène ? Serions-nous préoccupés par la conformité de l’enfant ? Mais alors, à quelle norme ? Quels non-dits en toile de fond du dépistage ? Que rapporte-t-il ? A qui ? Que vise-t-il ? Qu’évacuet-il ? Quelles pratiques actuelles et imminentes au-delà de nos frontières ?

Dans les centres français d’assistance médicale à la procréation, plus de 150 000 embryons congelés attendent qu’on décide de leur sort. En cause : leur statut. Non qu’il soit absent, le statut juridique de l’embryon, comme celui du fœtus est encore sommaire. Sachant que depuis le droit Romain, le champ juridique est régulé par une pensée binaire, le sujet et l’objet, où se place l’embryon ? S’il est un objet, peut-on en disposer à sa guise ? S’il est sujet, aurait-il tous les droits de la personne ? N’est-il pas envisageable de penser une troisième catégorie juridique ? Qu’en est-il du statut philosophique de l’embryon et du fœtus? Qu’en pensent nos voisins européens ?

Qu’est-ce la démarche adoptive ? Quels sont les échecs filiatifs qui peuvent résulter d’une adoption mal préparée ? Comment se structurent les marchés de l’adoption par devers les lois hexagonales ou communautaires ? Est-ce que l’organisation de l’adoption donne satisfaction ? Quelles réponses de la société aux questions éthiques soulevées par l’adoption ?

S’il a été facile d’appréhender et de gérer la conservation des spermatozoïdes, celle des embryons pose des problèmes éthiques majeurs. La conservation des ovules davantage encore car elle nous plonge dans un champ infini des possibles, tel que le recul considérable de l’âge de la maternité. Ou encore, la paternité postmortem. Quelles perspectives sont ouvertes par ce nouveau champ de la connaissance ? Mais aussi, quels revers ?

La loi interdit l’eugénisme. Pourtant, elle autorise les parents à choisir les enfants à naître. Est-ce que le diagnostic prénatal individuel réalisé pour tel ou tel couple est critiquable ? Est-ce que le dépistage de masse d’une pathologie qui s’adresse à toute une population est un programme eugénique ? Si oui, pourquoi l’accepter ? Si non, en quoi ne serait-il pas un programme eugénique ?

Perdre un enfant avant sa naissance… Le deuil d’un enfant non né est le plus difficile des deuils car il concerne un être cher aux parents, mais qui n’est connu de personne. La solitude face au deuil constitue une détresse. Dès lors, on assiste à une montée de demandes de bénédictions, de rituels, de sépultures de l’enfant mort-né ou du fœtus. Voire de son inscription dans le livret de famille. Comment les analyser? Comment les comprendre? Quels sont les besoins et les attentes exprimés? Faut-il les satisfaire ou les tempérer ? Comment les interpréter à l’échelle d’une société ?

Si le dépistage prénatal est justifié dans le cas de risques de maladies héréditaires, il est interrogé s’il s’agit de choisir le sexe de l’enfant (dans 80 % des cas en Europe) ou dans la recherche d’une paternité. Encadré ici, légalisé ailleurs…. Certains pays n’hésitent pas à franchir le pas de l’application libérale. Du DPI (diagnostic pré-implantatoire) des pays...

Le désir d’enfant est régulièrement invoqué par des couples sans clarifier leur souhait réel. Que se cache-t-il derrière le désir d’enfant ? Qu’est-ce que le projet d’avoir un enfant ? Quel impensé s’exprime derrière cette demande ? Et quels non-dits ?

Les pratiques d’aide médicale à la procréation ont promu l’utilisation des gamètes comme d’un matériau biologique. Le donneur est un passager clandestin mais l’enfant qui en résulte est né d’un parent et d’un matériau. Pas facile à vivre ! Peut-on faire autrement ? Comment concilier la revendication des enfants nés "sous X" de lever l’anonymat sur leurs origines et la démarche du donneur, ou de la mère, de garder l’anonymat ?

Depuis cinquante ans, la maitrise de la fécondité s’est généralisée, modifiant les places respectives au sein du couple. Elle confère aux femmes une liberté jamais acquise depuis le début de l’humanité et dont on n’a pas encore totalement mesuré les conséquences. La première est l’altération de la paternité. Qui est le père dans une société où pour la première fois la femme choisit quand et avec qui elle veut un enfant ?

Les embryons humains recèlent des réponses scientifiques fondamentales et constituent pour les chercheurs un matériau précieux dans de nombreux domaines. Est-il un matériel biologique comme un autre ? Si oui, comment expliquer le refus de le soumettre aux recherches ? Si non, comment expliquer le choix de le jeter plutôt que de le soumettre aux recherches au motif qu’il ne faut atteindre à sa dignité ?

Des techniques, telles que la fécondation in vitro permettent de séparer la fécondation de l’enfantement lui-même. Ainsi est devenue possible l’idée d’utiliser le ventre d’une femme pour porter un embryon destiné à d’autres. Les arguments favorables et ceux défavorables à cette demande sont à égalité. Comment trancher ? Et comment éviter le tourisme reproductif dont le marché prospère?

La famille de 2012 ne ressemble en rien à celle des années soixantedix ou à celle des années soixante. Familles recomposées, nombreux adultes autour de l’enfant, modalités éducatives nouvelles… Plus rien ne peut être comparé.

Les outils de dépistage et les tests génétiques sur les adultes constituent une nouvelle pratique qui se fait jour, notamment la détection des hétérozygoties. Les marchés mondiaux sont énormes et la disponibilité des tests est en train de s’accroitre. Juste pour choisir sa descendance ?

Qu’est-ce que la filiation ? Est-elle biologique ? Educative ? Conceptuelle ? Et s’il existait des filiations partielles, autres que juridiques, psychologiques et génétiques ?

La société est très à l’écoute du droit à avoir un enfant. Comment arbitrer dans bien des cas, entre les conflits d’intérêt des couples en mal d’enfant et de l’enfant lui-même ? Face à quels enjeux éthiques nous place le bébé-médicament ?

Les lointaines perspectives offertes par le clonage ont toujours suscité des fantasmes : enfanter une copie conforme de soi, cloner un bébé ou encore pour la femme, porter un enfant qu’elle aura fait toute seule... Délire égocentrique ? Mystique génétique ? Surinvestissement des facultés de l’ADN ? Au-delà de l’être biologique, quelles réflexions sur l’être psychologique, social et sur la filiation ?

Qui a droit à l’assistance médicale à la procréation ? Comment s’effectue le don de gamètes ? Peut-on faire un bébé avec l’embryon ou le fœtus d’une personne défunte ? Le cadre posé par la France aux couples de sexes différents mariés ou conjoints constituent une norme. L’exclusion des stérilités sociales pose question. Tout autant que l’acharnement reproductif. Faut-il poser des limites ?